PORTRAIT EQUESTRE D’HENRI IV
MILIEU 18 ème SIECLE
D’APRES JEAN BOLOGNE ET PIETRO TACCA
BRONZE A PATINE NOIRE, SOCLE EN EBENE, BRONZE CISELE ET DORE
Hauteur: 35 cm, socle: 13 cm hauteur- 27, 5 cm largeur – 14,5 cm.

Le bronze représente le roi Henri IV équestre portant une armure.
Dans sa taille et ses caractéristiques, le bronze peut être comparé à deux œuvres, une conservée à Pau au musée national du château de Pau décrit comme suit: Statuette équestre d’Henri IV sur socle en bois noirci et bronze doré ; milieu 18e siècle, hauteur 35 cm et l’autre conservée à la Wallace collection décrit comme un travail de Jean de Bologne; Italie, c. 1600 – 1604, hauteur totale: 64,7 cm.
Ces réductions furent sans doute réalisées pour être offertes en cadeau diplomatique.
HISTOIRE DE LA STATUE EQUESTRE D’HENRI IV
Créée à l’initiative de la reine Marie de Médicis, la statue équestre d’Henri IV au pont Neuf ne cessa de changer de signification politique, du moment de sa conception à sa destruction le 12 août 1792. Marie avait fait pression sur son oncle le grand-duc Ferdinand 1er de Toscane pour obtenir un brillant cadeau qu’elle souhaitait faire à la ville de Paris et qui témoignerait de son prestige royal: une effigie équestre en bonze du souverain. Le contrôle idéologique sur le monument échappa cependant très vite à celle qui l’avait commandé. En 1608, alors que la rivalité franco-espagnole s’exacerbait sur tous les fronts, Henri IV compris l’intérêt symbolique de l’effigie de bronze. Déjà heureux possesseur de six statues d’airain de Jean Bologne, destinées aux jardins du Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye, le roi de France insista auprès de Ferdinand 1er pour que le monument équestre crée par le plus grand sculpteur vivant fût achevé avant celui de son rival Philippe III d’Espagne. L’année suivante, il s’intéressa de près à la rédaction des inscriptions qui devaient orner le piédestal. Le monument équestre d’Henri IV, conçu par Jean Bologne et terminé par Pietro Tacca après le décès du maître en 1608, changea alors de statut: à l’origine, il devait fonctionner comme un signe éminent du rayonnement international de la reine et du savoir-faire florentin; à présent, il devenait un enjeu diplomatique de portée européenne. Mais à la mort du roi, le 14 mai 1610, il n’était pas encore achevé. Terminé seulement en mars 1611 à cause d’un minutieux travail de reparure, il mit trois ans à gagner Paris, en bonne partie à cause du manque d’ardeur de la régente, qui voulait asseoir sa légitimité ébranlée par la révolte des princes et craignait que l’érection de la statue d’Henri IV fût le prétexte à des comparaisons désobligeantes entre son gouvernement et celui du souverain défunt, mais aussi à cause de multiples difficultés d’acheminement entre la Toscane et Paris. L’inauguration du monument, qui eut lieu le 23 août 1614 en l’absence de Marie et du jeune Louis XIII, suscita fort peu d’écrits de circonstance . Du reste les opuscules publiés à cette occasion omirent ostensiblement de mentionner que c’était la reine qui avait été à l’origine du projet. Le traité de Sainte-Menehould, signé le 15 mai précédent, venait tout juste de sceller une fragile paix avec les partisans de Condé, et la politique du défunt roi était vantée par tous les opposants à la reine, en cet été 1614 qui voyait la campagne pour les élections des Etats généraux . Les cinq opuscules publiés cette années là exaltent tous les hauts faits d’armes d’Henri IV, mais n’oublient pas sa mission pacificatrice dans le pays. Surtout ils s’attachent à des titres divers, à désamorcer la menace que pourrait représenter l’effigie du premier roi Bourbon. Celle-ci aurait pu servir de mémento ralliant les honneurs à Louis XIII, donc au roi vivant, digne héritier de son père, incarnant la continuité dynastique et le seul pouvoir légitime.