EXCEPTIONNELLE PETITE TABLE
ATTRIBUEE A CHARLES GUILLAUME WINCKELSEN ( 1812 – 1871 )
FRANCE, VERS 1850
D’APRES UN MODELE DE MARTIN CARLIN
PANNEAUX LAQUE DU JAPON FIN EDO, BOIS LAQUE VERNIS MARTIN, BRONZE CISELE ET DORE.
H: 78 cm – L: 46 cm – P: 35,5 cm
Petite table d’écriture et de travail, en bois laqué noir vernis Martin (imitation française de laque), laque japonaise noire et dorée d’époque Edo à décor de résineux, bambous et cerisiers en fleurs. La table est muni d’un tiroir. Les jambes sont jointes ci-dessous par une entretoise en laque du Japon et vernis Martin.
Ornementation de bronze ciselé et doré.



Cette belle réalisation est inspirée d’un modèle de Martin Carlin de 1780, conservé au Victoria and Albert Museum à Londres.
Biographie:
Charles-Guillaume Winckelsen
Né en 1812, Charles-Guillaume Winckelsen ébéniste talentueux du Second Empire, puise comme ses contemporains essentiellement dans le vocabulaire décoratif du XVIIIème siècle. Winckelsen utilise principalement des motifs de style Louis XVI, et les adapte pour créer des pièces de mobilier originales. Les bronzes de Winckelsen sont reconnus par tous pour être de la plus grande qualité . Ces ateliers situés à Paris au 23 Val-Sainte-Catherine en 1854, sont déplacés en 1860 au 21 rue Saint-Louis dans le Marais, et en 1867, au 49 rue de Turenne. Sa production couvrait une large gamme de produits, du mobilier aux objets d’art et toujours exécutée selon les plus hauts critères de qualité. Par son savoir faire exceptionnel il est honoré des commandes provenant tant de l’aristocratie que de la haute finance Parisienne. A sa mort en 1871, Henry Dasson ( 1825 – 1896 ) racheta les ateliers et le stock à sa veuve.
Martin Carlin
D’origine allemande, Carlin se forma à Paris dans le milieu des ébénistes du faubourg Saint-Antoine. Arrivé avant 1759, il se fait recevoir maître en 1766. Ses attaches familiales avec Œben, dont il épouse la sœur cadette, et par lui avec Roger van der Cruse Lacroix (frère de Mme Œben) expliquent en partie son style. C’est peut-être par leur intermédiaire qu’il entre en relation avec les marchands merciers, avec lesquels il travaillera presque exclusivement, Poirier puis Daguerre, les frères Darnault. C’est pour eux qu’il fabrique des meubles précieux, petites tables ou bonheurs-du-jour décorés de plaques de porcelaine de Sèvres ou de panneaux de laque. Contrairement aux autres ébénistes d’origine allemande ou aux élèves d’Œben, Carlin ne recourt que rarement à la marqueterie de fleurs ou d’objets. Il aime opposer l’or des bronzes (Gouthière et Thomire travaillent pour lui) au fond noir de l’ébène et de la laque. Son style atteste le goût pour les matières rares de la période Louis XVI en général et des marchands merciers en particulier. Carlin adopte franchement les lignes droites, galbant légèrement parfois le bas des pieds. Ses meubles les plus célèbres sont les meubles en laque provenant du château de Bellevue, livrés par Darnault pour Mesdames en 1785 (musée du Louvre), et ses tables à plaques de porcelaine (Wallace Collection, Londres ; Metropolitan Museum, New York, etc.).
LA RÉAPPROPRIATION SAVAMMENT TECHNIQUE DES LAQUES
Le laque est un matériau soumis à une double contrainte. La première réside en la rareté-même de ces panneaux comme l’illustre le réemploi des panneaux de la commode de Madame Victoire provenant d’un cabinet du duc d’Aumont acheté 2.449 L à sa vente en 1782 par les Darnault.
La seconde contrainte est la technicité particulièrement pointue de l’incorporation du laque prélevé sur les coffres et les paravents importés de Chine et du Japon sur les meubles européens que l’on comprend à travers les mots d’André Jacques Roubo (1739-1791) dans son recueil L’Art du menuisier, ébéniste : « La laque qu’on emploie ordinairement en Ebénisterie, se prend dans des feuilles (…), qui, pour la plupart, sont vernies et peintes des deux côtés, et qu’on refend au milieu de leur épaisseur pour les diminuer ensuite au rabot et les mettre en état d’être plaquées sur des fonds de Menuiserie ordinaire. Il faut prendre beaucoup de précautions (…) de crainte de faire fendre ou éclater le vernis (….). ; après quoi on les plaque sur l’ouvrage à l’ordinaire, en prenant toutefois la précaution de les faire chauffer.(…) on entourne les joints des ouvrages de laque de rapport avec des ornements ou des cadres de cuivre, parce que quelques précautions qu’on prenne en coupant les feuilles de laque, il est bien difficile de n’y pas faire quelques éclats. »
Oeuvres similaires:
Château de Valençay, dans le salon bleu:
un bureau à gradin et un bureau plat, tous deux classés au titre des monuments historiques.
Nous pouvons distinguer les mêmes caractéristiques sur notre petite table
- pour le style et l’époque de création
- pour la laque du Japon fin de l’époque Edo.
- pour le travail du bronze ciselé et doré.