CHINOISERIE DU 18ème SIECLE

 PAIRE DE CHENETS AU COUPLE DE CHINOIS

L’extraordinaire engouement pour les objets et les motifs décoratifs venus d’Orient débuta sous le règne de Louis XIV, pour arriver à son paroxysme dans la première moitié du XVIIIème, sous le règne de Louis XV. Artistes et artisans parisiens, réalisèrent des oeuvres originales, souvent uniques, appelées aujourd’hui «chinoiseries».Dans le domaine des bronzes d’ameublement cela se matérialisa notamment par l’ornementation des appliques, chenets et candélabres, de motifs de personnages chinois faisant référence au monde mystérieux de l’Orient.

Notre paire de chenets en bronze ciselé et doré déploie une grande richesse d’ornements typiquement rocaille constitués de courbes et de contre-courbes de feuilles d’acanthe mélangeant des estrades sur lesquelles se tiennent le couple de chinois en vis à vis.

Nous retrouvons dans l’inventaire après décès de Jacques Caffieri « un model de garniture de gril représentant un Chinois et une Chinoise, prisé deux cent livres ». – Un exemplaire presque identique a été exposé en 1911 au Musée des Arts Décoratifs, « Feux en bronze doré d’époque Louis XV, appartenant à Madame Potter Palmer ». Egalement sur des chenets conservé au Quirinal, autrefois chez « Madame Infante » à Colorno. – On voit enfin des chinois musiciens sur une paire de chenets anonymes, vente Kohn, 20 mars 1996, n° 49. Bibliographie: – Jules Guiffrey, Les Caffieri sculpteurs et fondeurs ciseleurs, Paris, 1877. – Daniel Alcouffe, Inventaire après décès de Jacques Caffieri, Archives de l’Art français, 1989. – La Chinoiserie en Europe: tapisseries, meubles, bronzes d’ameublement, Musée des Arts décoratifs, Paris, 1911, planche 30.

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Biographie

Jacques Caffiéri (1678-1755)

Jacques Caffiéri est l’un des plus célèbres bronziers du règne de Louis XV. Sculpteur et fondeur-ciseleur, il crée de nombreux modèles qui sont produits en bronze par la suite. Son fils Philippe Caffiéri (1714-74) devient son associé en 1747 ; comme son père, il rencontre un grand succès en tant que bronzier travaillant principalement dans le style néoclassique. La paire de chenets présente, tout en étant caractéristique de l’œuvre de Jacques Caffiéri, date de la période où père et fils travaillaient ensemble.

Les Caffiéri, une dynastie de sculpteurs et bronziers d’origine italienne, sont très liés à la cour de France. Le père de Jacques, Philippe Caffiéri (1634-1716), quitte Naples pour la France à la demande du Cardinal Mazarin ; il devient par la suite sculpteur du roi. Jacques, son dixième enfant, est admis à l’Académie de Saint-Luc en tant que sculpteur ; peu avant 1715 il est reçu maître fondeur-ciseleur. A partir de cette époque, et jusqu’à sa mort, il habite dans la rue des Canettes. Dès 1736 il travaille pour le roi. Nommé fondeur-ciseleur des bâtiments du roi, il œuvre pour les palais de Fontainebleau, Versailles, Choisy, et Marly, entre autres. Parmi ses commandes royales, on doit mentionner l’importante pendule astronomique avec mouvement de Dauthiau, d’après un modèle de C.-S. Passement, qui se trouve aujourd’hui à Versailles, ainsi que deux grands lustres rocaille en bronze doré, aujourd’hui dans la collection Wallace de Londres. Caffiéri exécute deux grands cadres pour miroirs en bronze doré d’après un modèle de A.-J. Gabriel, qui sont présentés par Louis XV au Sultan de l’Empire Ottoman. Il fait également des montures de meubles, y compris celles d’une commode faite en 1739 par A.-R. Gaudreau pour la chambre à coucher de Louis XV à Versailles (aujourd’hui dans la Wallace Collection), celles d’une cheminée livrée en 1747 pour les appartements du Dauphin à Versailles, et deux figures signées, probablement destinées à un cabinet commandé par un aristocrate allemand. Excellent sculpteur portraitiste également, Jacques Caffiéri exécute les bustes du baron de Besenval et de son fils, ainsi que du baron de Brunstadt. Aujourd’hui on trouve les œuvres de Caffiéri dans les plus importantes musées et collections du monde, y compris le musée Victoria and Albert Museum de Londres, le Residenzmuseum de Munich et le musée d’art de Cleveland, Ohio.