EN BRONZE CISELE DORE, A DECOR D’ATLAS EN BRONZE PATINE REPOSANT SUR UNE BASE CIRCULAIRE EN GRANITE VERT
TRAVAIL PROBABLEMENT RUSSE DEBUT DU XIXE SIECLE
PROBABLEMENT D’APRES UN DESSIN D’ANDRE VORONIKHINE ( 1759 – 1814 ) ET LE STYLE DE FRIEDRICH BERGENFELDT.
HAUTEUR: 27,5 cm




La conception d’ensemble doit beaucoup au travail des bronziers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, à comparer notamment avec la paire du musée Camondo. Les bronziers parisiens étaient très admirés en Russie et inspiraient leurs bronziers à produire des pièces similaires.

Ces bougeoirs appartiennent probablement à un petit groupe fabriqué a Saint- Pétersbourg vers 1801-1805. On pense qu’ils ont été réalisés par le plus célèbre des bronziers russes Friedrich Bergenfeldt d’après le dessin exécuté par Andrei Voronikhin.
ANDREI VORONIKHINE (1759-1814)
Voronikhin est né dans une famille de serfs travaillant sur les domaines du comte Stroganoff. Il se forme à la peinture dans l’atelier de Gabriel Iouchkova, où il attire l’attention du comte qui l’envoie se former à Moscou. Voronikhin a été libéré en 1785 et pendant les années suivantes a étudié en France et en Suisse. Le comte Stroganoff était l’un des mécenes les plus importants de Voronikhin ; il lui a demandé de finir les intérieurs du palais Stroganoff sur la perspective Nevskky, ainsi que d’autres résidences. Il a également construit la cathédrale de Kazan et a travaillé avec Brenna a Pavlosk.
FRIEDRICH BERGENFELDT (1768-1822)
Bergenfeldt est né en Westphalie et, comme de nombreux autres artisans allemands, il a déménagé en Russie dans les années 1790. Il travaille dans l’atelier du bronzier Yan Aoustin, ainsi qu’avec Charles Dreyer, suivi d’un séjour d’étude à Paris. De retour en Russie en 1801, il fonda son propre atelier sur le quai Fontanka. Son annonce dans le journal local annonçait la vente de toutes sortes « d’ornements en bronze, tels que vases, chandeliers, cassolettes, girandoles, lustres, veilleuses, etc. dans le gout antique et d’une qualité égale à celle des bronzes français ».
LE COMTE ALEXANDRE SERGUEÏEVITCH STROGANOV (1733-1811)
Alexandre Sergueievitch est né en 1733 dans une puissante famille de Novgorod, installée dès le XVIe siècle dans les montagnes de l’Oural où ils exploitaient de fabuleux gisements de minerai. En 1768, Sergeyevich participe à la fondation de l’Académie impériale des arts. Il épouse Anna Vorontsova en 1758, puis en secondes noces Ekaterina Trubetskaya en 1771. Il entreprend un second voyage en Europe et s’installe à Paris, successivement rue de Richelieu, rue Montmartre et enfin rue de Verneuil. Ses deux enfants, Pavel Alexandrovitch et Sofia, naissent à Paris. Passionné par les arts, il constitue l’une des plus importantes collections de tableaux, achetant dans les ventes aux enchères les plus prestigieuses de l’époque. Il commande des tableaux d’Hubert Robert et d’Élisabeth Vigée-Lebrun, des bustes de Voltaire et de Diderot au sculpteur Jean-Antoine Houdon, une paire de consoles en ébène d’après un dessin très original de l’ébéniste Jacques Dubois et aussi à la veuve Dulac, rue Saint-Honoré.
LE PALAIS STROGANOV
Le palais Stroganov, situé au coeur de Saint-Pétersbourg sur la perspective Nevsky, connu comme l’un des joyaux de l’architecture de pétersbourgeoise, a été construit par l’architecte Francesco Bartolomeo Rastrelli en 1753. C’est à ce dernier que l’on doit le Palais d’hiver également. A l’évidence influencé par le baroque italien, le palais lors de sa construction présentait un décor baroque semblable à celui des églises de Bavière. Lorsque le comte est rentré en Russie, il a entrepris une reconstruction du palais qui comprenait à la fois un agrandissement et une rénovation dans le style « antique ». Vers 1790, la célèbre galerie de tableaux et le cabinet minéralogique sont construits.
LES VENTES AUX ENCHÈRES DES SOVIETS
En 1914, Sergei Alexandrovich (1852-1923), dernier comte de la dynastie des Stroganov, décide d’ouvrir le palais au public. Après la Gravure de A. Kuchumov d’après un modèle d’A.Voronikhin DR Révolution, les bolcheviks occupèrent le quatrième étage du Palais, qui devint en 1919 Musée de la ville de Petrograd avant d’être annexé au Musée d’État de l’Ermitage.
Le gouvernement soviétique, nouveau propriétaire par la force du contenu du palais, commence alors à disperser la collection. Celle-ci a été cédée par l’Union soviétique lors des grandes ventes aux enchères des oeuvres d’art entre les deux guerres mondiales, afin de financer le développement industriel. Le manque de liquidités (devises et or) a conduit le Politburo à mener cette politique et réaliser des bénéfices sur l’art et les antiquités. Ces ventes ont été étudiées par Elena A. Osokina, « Gold for industrialization. La vente d’oeuvres d’art par l’URSS en France pendant la période des plans quinquennaux de Staline », in Cahiers du Monde Russe, no 41⁄1, janvier-mars 2000. Les ventes aux enchères ont commencé au début des années 1920 et se sont multipliées après 1927, date à laquelle tout un processus d’expropriation et de confiscation des biens a été mis en place. En 1927, le Sovnarkom propose « d’organiser l’exportation hors de l’URSS d’antiquités et d’articles de luxe, à savoir : meubles anciens, objets ménagers, objets de dévotion, bronze, porcelaine, cristal, argent, brocart, tapis, tapisseries, peintures, autographes, pierres précieuses d’origine russe, artisanat et autres objets n’ayant pas de valeur pour les musées ». Ce dernier point n’a pas été retenu et a été spécialement adapté pour permettre la vente aux enchères des « objets ayant au contraire une valeur pour les musées ».

Les Soviets ont ainsi orchestré plusieurs ventes aux enchères où les tableaux anciens et les plus belles pièces des arts décoratifs français ont été présentés en vente publique à la galerie Rudolph Lepke de Berlin. La collection Stroganov a été vendue les 12 et 13 mai 1931.

