CARPE MONTEE EN BRONZE DORE 18 EME SIECLE.

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DOUBLE CARPE

BISCUIT BLEU NUIT, KANGXI (1662-1722)

MONTURE EN BRONZE CISELE DORE ET AU « C »COURONNE 

EPOQUE LOUIS XV

HAUTEUR: 30 cm

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Notre vase est formé de la réunion de deux carpes affrontées qui semblent jaillir des fonds marins. Les nageoires et les écailles des poissons, les vagues et les coraux sont simulés par un décor moulé en leger relief. L’embouchure de notre vase est formé de la bouche du poisson. Elle repose sur un socle de bronze rocaille au « C »couronné.

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Symbole de richesse, la carpe est un motif très prisé dans l’iconographie chinoise. Selon une ancienne légende, ces poissons, capables de sauter au dessus de la Porte du Dragon, se transformaient en cet animal fantastique ; parabole enseignant que la bonne conduite et les efforts permettent de surmonter les obstacles et de s’améliorer.

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Madame de Pompadour eut plusieurs paires de vases en forme de poissons. Nous savons en particulier que le 16 octobre 1750 elle acquit auprès de Duvaux  » quatre morceaux de porcelaine céladon dont deux en forme de cornets et deux poissons, le tout garni en bronze doré d’or moulu pour la somme de 3600 livres « . L’année suivante, elle achetait encore « deux poissons, groupés par deux, de porcelaine céladon, formant des pots à fleurs, 144 livres ». En octobre 1753, elle confiait à Duvaux  » la garniture en or moulu d’un poisson double de pocelaine céladon… ». Elle eut aussi des vases de ce type, transformés en buires par leur monture. Ainsi l’inventaire après décès nous indique-t-il que dans le grand salon de l’hôtel D’Evreux à Paris en compagnie de ving-six autres vases de Chine, se trouvaient « deux autres vazes céladon de poissons, montés en buire, garnis de bronze doré. Prisés deux cents livres ». Elle eut enfin d’autres vases de la même forme en porcelaine bleu pâle. Nous savons ainsi qu’elle acquit le 26 août 1753  » deux poissons, même forme en porcelaine bleu claire, montés en buires, garnis de bronze doré d’or moulu, pour la somme de 1080 livres ». Selon Lunsingh Scheurleer, les vases en forme de poissons accolés étaient fabriqués en Chine depuis le troisième quart du XVIIème siècle.

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Londres, Victoria and Albert Museum.

Ces garnitures figurent généralement par paires, mais aussi par groupes de trois ou quatre vases.

Un édit de 1745 fait obligation aux bronziers de frapper leurs ouvrages d’une petite lettre distinctive, un C surmonté d’une couronne, les soumettant ainsi au règlement d’une taxe. Celle-ci s’appliquait aussi bien aux objets qu’aux meubles qui en étaient ornés.

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Cette marque qui ne mesure que quelques millimètres (de 2.5 à 5 selon la taille des pièces) a longtemps intrigué les spécialistes. Est-elle la signature du bronzier Caffieri, celle du fondeur Colson ou encore l’estampille de l’ébéniste Cressent ?
Il faut attendre 1924 et la thèse d’Henri Nocq, Le Poinçon de Paris pour apprendre qu’il s’agit d’une marque sanctionnant un impôt payé sur les bronzes et les cuivres entre 1745 et 1749. Comme toute taxe, elle est largement impopulaire et l’on ne compte pas les nombreux procès opposant les artisans aux agents de l’État. Et pourtant l’édit de février 1745 est formel : il s’applique à « tous les ouvrages vieux et neufs, de bronze, de cuivre pur, de fonte, de cuivre mélangé, forgé, moulu, battu, plané, gravé, doré, argenté et mis en couleurs, sans aucune exception ».

Chaque artisan doit se rendre au bureau de la marque au « cul-de-sac des Bourdonnais », dans le quartier des Halles, pour y faire insculper le poinçon et s’acquitter de la redevance. Un détail qui a de l’importance : nous sommes à l’époque de la guerre de succession d’Autriche et les besoins militaires sont alors pressants. En février 1749, la paix d’Aix-la-Chapelle est signée et quelques personnalités notent alors la « suppression des petits impôts nouveaux ».

Mais en attendant, le poinçon doit figurer sur tout travail de métal cuivreux exécuté ou vendu durant ces quatre années. Le texte précise également qu’il concerne « tout ouvrage vieux ou neuf ». Il est donc possible de le trouver sur des pièces antérieures à 1745. Il suffit pour cela que l’objet soit soumis à une nouvelle couche de dorure ou qu’il passe dans le commerce au cours de ces quatre années. Tel est le cas de certains meubles d’André-Charles Boulle, d’époque Louis XIV, mais dont le succès s’est prolongé. Il est donc possible de le rencontrer sur une œuvre antérieure à 1745 -même si cela est rare- alors qu’il sera absent d’un bronze plus récent, sauf s’il s’agit d’un faux.

Même si l’on se limite aux bronzes Louis XV, il est difficile de les dénombrer tant le C couronné semble avoir envahi bronzes d’ameublement et objets de décoration aussi bien à Paris qu’en province au cours de ces quatre années. On sait combien de tels objets furent prisés à l’époque et le succès que connurent les bronziers. Le roi trouvait là le moyen de financer ses campagnes, les artistes une récompense à leur talent. Et si des interrogations subsistent quant aux différentes formes que prit le poinçon, sa découverte demeure un repère précieux pour les amateurs de bronzes Louis XV.

Source bibliographique

« Les Bronzes dorés français du XVIIIème siècle »

Pierre Verlet
Picard Editeur – 1987

Veuillez nous contacter.

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