NICHE DE SALON, LOUIS XVI

cropped-img_34653.jpgcropped-img_34653.jpgcropped-img_34653.jpg  NICHE DE SALON EN ACAJOU MASSIF MOULURE SUR BATI DE SAPIN EN FORME DE CABANE

ATTRIBUEE A CANABAS ( né en 1715, mort à Paris le 11 janvier 1797)

EPOQUE LOUIS XVI

HAUTEUR: 45,5 – LARGEUR: 30,5 – PROFONDEUR: 44 cm

niche

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CANABAS Joseph Gengenbach

Joseph Gengenbach dit Canabas (1715-1797) – maîtrise obtenue le 1 avril 1766 : D’origine allemande, Canabas – de son vrai nom Joseph Gengenbach – arrive à Paris dans les années 1740. À la fois ébéniste et menuisier, il utilise aussi bien le placage que le bois massif.

Ses talents sont employés à cette époque par des ébénistes fameux, comme Jean-François Oeben ou Pierre Migeon alors qu’il exerce comme ouvrier privilégié rue de Charonne. Le livre des ouvriers de ce dernier, qui est aussi marchand, témoigne des livraisons de meubles opérées par Canabas jusqu’en 1761.

Une fois obtenues ses lettres de maîtrise, il déploie son activité depuis la grande rue du Faubourg Saint-Antoine au service d’une clientèle privée et de quelques marchands réputés comme les frères Presle.

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Table mécanique, époque Louis XVI par Joseph Canabas. Bois d’acajou sur bâti d’acajou, de chêne et de sapin. Paris vers 1780. Musée Jacquemart-André.

Canabas s’impose alors comme un spécialiste des meubles fantaisies, pratiques et souvent de conception nouvelle. Il réalise ainsi un grand nombre de meubles menus et soignés au cours de sa carrière. Sa manière est très particulière : il emploie des bois d’acajou d’une qualité rare, d’une remarquable couleur, d’un grain très serré et il se différencie dans la perfection de leur ébénisterie. Une sobriété extrême est de mise et ne laisse place pour tout décor qu’à quelques moulures discrètes. Les bronzes sont pratiquement absents.

Quelques modèles appartiennent au style transition avec encore des pieds légèrement galbés. Mais la plus grande partie d’entre eux se rattache à un style Louis xvi. Ils sont scrupuleusement étudiés pour servir à des usages précis.

Parmi les premiers en France, Canabas va concevoir des meubles destinés à servir au cours de repas ou d’assemblées en l’absence de domestiques, des meubles légers, faciles à déplacer, le plus souvent munis de roulettes. Les plus typiques sont connus à un nombre assez élevé d’exemplaires : rafraîchissoir, guéridon, pupitre à musique, « serviteur muet » ou « servante », table liseuse ou encore jardinière.

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Rafraîchissoir, estampille de Joseph Canabas, Acajou, chêne et sapin, marbre blanc, cuivre, bronze verni, vers 1770. La partie antérieure du plateau est garnie d’un marbre, la partie postérieure contient deux seaux en cuivre argenté. Musée Nissim de Camondo.

Après le passage de la Révolution, la prospérité regagne à nouveau Canabas jusqu’à son décès sous le Directoire.

Lors de sa vente, son atelier comprend encore selon les affiches et les avis toute une série de « secrétaires, commodes, guéridons, bureaux, tables à coulisse et à patins, tables de nuit à cylindre, consoles, toilettes d’homme et de femme, chiffoniers, fauteuils de bureau et autres objets, pour la plupart en acajou massif, ornés de cuivre et dans le meilleur goût ».

MUSÉES

  • Secréaire en tiroir – pupitre à écrire debout, Il repose sur 4 pieds droits à pans coupés ornés de cannelures et terminés par des sabots munis de roulettes. Il comporte un pupitre incliné recouvert de maroquin à long grain décoré au petits fers d’une frise à l’antique et d’un fleuron central où se becquetent des colombes. un tiroir sous le pupitre, et 2 tablettes d’entrejambe celle du milieu dissimulant un second tiroir. 2 tirettes latérales à la partie supérieure. – N°MAD797 – Musée des Arts Décoratifs – Lyon
  • Table mécanique – Musée Jacquemart-André
  • Rafraîchissoir – Musée Nissim de Camondo
  • Pupitre – Cleveland Museum of Art

BIBLIOGRAPHIE

  • Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle – Pierre Kjellberg – Les Editions de l’Amateur – 1989
  • Les ébénistes du XVIIIe siècle – Comte François de Salverte – Les éditions d’Art et d’Histoire – 1934
  • L’Art et la manière des Maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle. – Nicolay Jean – Pygmalion – 1976

HISTOIRE DES NICHES

Plus qu’une simple maisonnette, la niche est la preuve de l’amour d’un maître pour son animal. La vie de chien n’est pas toujours celle que l’on croit !

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Niche de salon pour le chien de Marie-Antoinette de Claude Ier Sené.Museum,Metropolitan, New-York.

La naissance de la niche doit beaucoup à la chasse, longtemps apanage des seigneurs et des rois. Dès l’Antiquité, mais également chez les Romains et les Grecs, savoir mener les chiens était considéré comme un art de grande noblesse et perçu comme un apprentissage de la guerre.

Un confort dû à son rang

C’est donc à la chasse que, dans l’Europe du Moyen Âge, les chiens durent l’amélioration sensible de leurs conditions de vie. Si, jusqu’au XIVe siècle, ils partageaient l’intimité de leurs maîtres, seuls les lévriers avaient accès aux appartements des grands chevaliers et, chez le roi, le privilège de s’allonger sur des lits recouverts de draps de damas et de courtepointes. Bien des roturiers se seraient contentés de pareils traitements ! Pour les autres races, Gaston Phébus, dans son Livre de la chasse rédigé entre 1387 et 1389, indique que les seigneurs aménagèrent «des locaux en vue du confort des meutes». Les traités de vénerie précisent d’ailleurs qu’un chenil de qualité se devait d’être placé dans un lieu sec et près d’une fontaine pour que les chiens puissent boire aisément. Une cheminée était également prévue pour permettre à l’animal mouillé de se sécher. L’aménagement intérieur était simple, avec un plafond et des murs blanchis régulièrement avec un lait de chaux. Pour dormir, les chiens se couchaient sur des bancs placés légèrement en hauteur et percés de plusieurs trous permettant aux plus paresseux de laisser couler leur urine… Du côté du peuple, il était impensable de posséder d’autres bêtes que des chiens de basse-cour, sans race, qui vivaient dehors et se nourrissaient de restes. Pour eux, de simples niches d’extérieur, parfois des tonneaux, faisaient amplement l’affaire, mais pas trop grandes s’il vous plaît. Et avec une ouverture à l’entrée suffisante pour laisser un petit passage à l’animal et éviter que des courants d’air n’y pénètrent.

Quasiment tous les rois de France vénérèrent leurs «toutous». À telle enseigne qu’on dit d’ailleurs que Louis XI n’avait que deux passions : la chasse et les chiens. Ses préférés, là encore des lévriers, dormaient et mangeaient en sa compagnie. François Ier adorait à tel point ses compagnons à quatre pattes qu’il leur fit construire un «hôtel» à Fontainebleau, connu sous le nom de «Chenil du Roi». Le souverain aimait, dit-on, y dormir… Grand connaisseur, il sélectionnait lui-même les chiens en fonction de leurs missions : traquer le gibier, chasser le terrier, poursuivre le cerf, donner de la voix… Henri IV, comme ses illustres prédécesseurs, vivait entouré de chiens. Le poète protestant Agrippa d’Aubigné rapporte qu’étant allé à Agen, il trouva «un grand épagneul qui avait accoutumé de coucher sur les pieds du roi de Navarre et souvent dans son lit», précisant que l’animal était le «seul compagnon fiable» du Vert Galant. Le Roi-Soleil chouchoutait tellement ses chiens qu’il leur apportait lui-même chaque jour des «biscotins», spécialement préparés à leur intention. Il fit d’ailleurs édifier plusieurs chenils royaux afin d’y loger ses meutes.

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Des chiens et des rois

À Marly-le-Roy, dans la résidence privée de Louis XIV, les travaux commencèrent dès 1694. Ses huit favoris logeaient dans la bien nommée «chambre des chiens du roi», qui se situait entre la chambre du souverain et le cabinet des perruques. Ses proches n’étaient pas en reste. Pour preuve, la princesse Palatine, belle-sœur du monarque, vécut plus de cinquante ans à la Cour avec ses petits chiens, à qui elle réservait les meilleures places et les mets les plus fins. Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, alors que le pays souffrait de disette, on procéda à un recensement afin de voir quelles économies il serait possible de faire. Le résultat fut instructif : pour 24 millions de Français, on recensait 4 millions de chiens ! On remarqua également que deux chiens mangeaient quotidiennement l’équivalent de ce qu’avalait un être humain. Pour tenter de diminuer leur nombre de façon drastique, une taxe dissuasive fut proposée. Mais Louis XV s’y opposa farouchement. Qu’on se le dise, la France a toujours défendu mordicus ses Rex, Brutus et autres Médor !

À la niche !

Si les chiens de chasse des châteaux et des manoirs se sont longtemps contentés de niches attenantes à la grille ou à la porte d’entrée, des versions de salon, ô combien raffinées, firent leur entrée dans les intérieurs, connaissant leur heure de gloire au siècle des Lumières. En noyer, en ébène, en chêne, en palissandre ou en bambou, de prestigieux artistes, ébénistes et décorateurs s’essayèrent à l’exercice : Hubert Robert, Fragonard, Belanger, Ledoux… On mentionne pour la première fois un «coffre pour chien» dans un inventaire de 1328. Mais ce n’est qu’à la fin du XVIIe siècle que le terme de «niche» apparaît, dans un état des meubles de la couronne, en 1697 notamment. On l’aura compris : ce caprice canin est né en France. Mais il se propagea comme une traînée de poudre au reste de l’Europe. La reine Catherine de Bragance, épouse de Charles II d’Angleterre, fit construire au château de Whitehall un cabinet particulier à l’usage exclusif de ses chiens. Plus fou encore, dans un projet de chenil dessiné en 1833 par un certain Lamb pour une encyclopédie de l’architecture parue à Londres, le concepteur avait prévu rien de moins qu’une salle d’exposition pour le dressage, des chambres pour la reproduction, une chaufferie, des hôpitaux, une morgue, un réservoir d’eau alimenté par une source et des cours pour l’exercice des chiens ! Dans le pavillon de chasse d’Amalienburg enfin, construit en 1739 dans le sud de l’Allemagne, le chenil a pris la forme d’une salle lambrissée tout autour de laquelle s’ouvrent des niches, réelles ou peintes, en trompe l’œil. Leurs maîtres se divertissaient à regarder si le chien allait retrouver l’entrée de la bonne niche ou se cogner la truffe au décor. Ou quand l’amour des chiens sait se faire un brin pervers…

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